C'est comme si une sorte d'excitation et de paranoïa se mélangeait en moi : je suis là, presque trop fortement agrippé au bras de Kei-sama qui me fait le plaisir de me protéger avec d'autre personnes, mon kimono baille bien trop pour que ça soit décent. Mon corps tremblote, la même tremblote que lorsqu'on est fatigué tard le soir mais qu'on est encore dehors. On est bien mais on est fatigué et on a froid. Moi je tremble parce que j'ai froid et peur. Et que ma profession ne m'a jamais permit de savoir comment me défendre seul ou survivre.

Tout le monde désire quelqu'un mais moi tout ce que je désire c'est sortir de là au plus vite. Alors je ne prends pas le temps d'écouter les gens qui sanglote et je tire Kei-sama et une autre personne, dont je ne me souviens pas le nom, par le poignet pour qu'on aille se réfugier quelque part. Comme cette personne tient une autre personne par le poignet si j'ai bien vu (comme je suis bien trop paniqué pour regarder seulement un seul point), je me dis que la dernière personne prendra le poignet de la dernière pour qu'on aille enfin se mettre à l'abris avant qu'on ne meurent tous ici. Je ne veux pas mourir ici et maintenant, j'ai un client à retrouver pour demander des frais supplémentaires pour abandon de personne fragile et en détresse, j'ai deux kimonos à étendre et je dois me trouver un protecteur.

Mais même si je pense à tout ça, je veux déjà que ça soit fini: je suis mort de trouille à l'intérieur et je manque te tomber entre la foule et mes faibles jambes tremblotantes. Je dois me ressaisir !

Le garçon qui tient la main de Mi-chan a l'air mal en point. Il doit avoir très peur...c'est pas courant pourtant de trouver des gens comme ça ici je crois, c'est la première fois que je vois quelqu'un faire une crise d'angoisse juste parce qu'il y a des méchants à côté. Je lui fais un sourire et un petit signe de main pour essayer de le rassurer, mais je suis pas très doué pour ça, moi. Je sais que taper les vilains pour sauver les gentils! Ce que je vais de toute façon faire, là.

"Vous en faites pas, on va réussir à vous cacher, ne? On va y arriver. Personne ne vous fera le moindre mal!"

Je m'en fais le serment. De toute façon, personne ne touche à mon Mi-chan. C'est mon copain à moi, et je l'aime. Depuis ce qu'il s'est passé à l'école, j'ai fait la promesse de le protéger toute ma vie. J'échange un regard entendu avec la madame-monsieur, qui s'occupe du blondinet qui nous a rejoint. Peut-être que c'est son petit copain aussi? Ils ont l'air de se connaître...en tout cas, ça me donne un peu plus de courage pour affronter ce qui nous attend. Tout le monde se dirige vers le métro...mais on doit être quand même plus malin que les vilains. Je prends fermement la deuxième main du monsieur blond.

"On se tient bien la main, d'accord? Il faut surtout pas la lâcher! On va y arriver, ne? Ils sont encore loin. Personne ne nous fera du mal. Et de toute façon, je le permettrai pas!"

Je suis content de ne pas être tout seul dans cet enfer. Au moins, j'ai Nagato à mes côtés pour me protéger. Et... Akane, que l'on viens de rencontrer. Il est dans le même état que moi et d'un côté ça me rassure de voir que je ne suis pas le seul à paniquer. Je serre un peu plus fort la main de Nagato, que je ne lâcherai pour rien au monde dans une situation pareille. Je sais trop bien ce qu'il se passe quand on lâche la main de quelqu'un dans le chaos le plus total...

« Na-chan, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose d'affreux non plus... Caches toi avec nous s'il te plaît. »

Le connaissant il va vouloir aller se battre dehors. Mais moi, je préfère qu'il reste avec nous. La sortie de la Nakano Broadway est assez loin, nous sommes à l'autre bout de la galerie, on allait monter à l'étage pour aller aux toilettes parce que j'avais envie de faire pipi. J'ai toujours envie d'ailleurs, mais ce n'est pas le moment. AH ! Je n'aurais pas du boire autant de thé glacé au déjeuner...

Je ne sais pas si je me sent vraiment rassuré bien qu'il y ai Kai-sama. Je ne peut absolument pas me permettre de juger, mais la façon de parler des trois autres personnes avec nous ne me rassure pas vraiment. Ils ont l'air encore un peu enfantin, même si leur physique ne dit pas du tout la même chose. J'ai juste peur de devoir m'occuper d'enfant dans un moment aussi stressant que celui-ci. Mais encore une fois, je ne les connais pas et ne peut me permettre de les juger.

Nous descendons dans le métro et nous ne sommes pas les seuls à le faire. Malheureusement pour nous, il y a les portiques de sécurité. Je vois tous les gens à côté de nous passer par dessus. Comme pour la plus part ce sont des hommes musclés, ils arrivent aisément à passer de l'autre côté. Et on ne peut pas vraiment dire que les protique au Japon arriveraient un jour à stopper quelqu'un. Ils sont petits.

Alors j'essaye de tirer tout le monde vers là-bas en me disant que ça peut, peut-être, nous sauver. Mais nous sauver de quoi finalement. Quelle est la cause de tout ça ? Je n'arrive pas à aligner deux pas sans presque rentrer dans tous ces gens qui peuvent courir dans tous les sens.

"Nous devrions passer les portiques, ça devrait nous permettre d'être sains et saufs." Je leur explique mon idée. Et quand je regarde les portiques, je me rend compte encore une fois que je suis dans une tenue incompatible avec l'agitation. Mais je ne compte pas finir nu à force d'ouvrir mon kimono pour avoir de l'espace.

Je suis épuisé, et je n'ai plus envie de faire aucun effort. Le métro est visiblement bloqué par ces types, alors que nous commencions à peine à tenter de passer par-dessus les portiques malgré l'illégalité du geste. Je me sens au bord de la crise d'angoisse, et je ne cesse de fixer ces types armés d'un air effrayé. Asami...pourquoi est-ce que tu n'es jamais là quand j'ai besoin de toi? Pourquoi, hein?!

"Et maintenant, on fait quoi? On...on peut plus s'en aller! C'est bloqué, c'est trop tard! On va se faire casser la gueule, putain! "

La panique me rend hystérique. Je suis ridicule, mais peut-on vraiment m'en vouloir?

C’est la merde. Il n’y a pas d’autres mots pour décrire notre situation. En temps normal j’adore ça mais là c’est un peu différent. J’ai Kiyo-kun avec moi et je n’ai pas envie qu’il soit blessé. C’est une geisha, il est fragile et son corps est précieux. Il ne doit en aucun cas le marquer. Il y a aussi les gosses qui sont avec nous. Ils ont l’air effrayé quoique… l’un d’eux à l’air quand même dégourdit.
Je craque mes doigts et avance d’un pas, laissant les plus faibles derrière moi.
« Hey gamin, tu me donnes un coup main pour les ralentir ? »
Il a l’air courageux et doit certainement savoir se battre. De toute façon il n’a pas le choix s’il veut protéger sa copine. Vous autres, trouvez un moyen pour qu’on s’en sorte pendant qu’on les empêche de s’en prendre à vous.

Bon. Les choses ont l'air de se gâter, les méchants ont bloqué la seule issue possible. Ah...il faudrait qu'on retourne dans la rue, mais maintenant je crois qu'on est bloqués ici...je craque mes doigts presque en même temps que la madame-monsieur, lâchant du même coup la main de Mi-chan.

"Oh, oui madame! Mais j'ai que mon couteau sur moi, ça va être difficile, ne?"

Je sens la main de Mi-chan sur la mienne, une fois de plus. Je crois qu'il est très inquiet pour moi, et c'est normal; il n'a pas vraiment l'habitude de me voir à l'oeuvre, et la dernière fois, j'ai quand même fini à l'hôpital. Je lui souris, et caresse sa joue tant que je le peux encore.

"Ca va aller. Tu vas rester avec le monsieur flippé et l'autre monsieur tout blond, et vous cherchez un moyen de sortir, d'accord? Nous on vous couvre, d'accord? T'as pas à t'inquiéter, je suis un warrior!"

Je ne dois pas le dire, mais cette situation m'amuse un peu. J'aime bien me battre contre les méchants, j'ai l'impression d'être un super héros. Et si c'est pour protéger Mi-chan en plus...là, je suis encore plus heureux! Je reviens près de la madame-monsieur, un large sourire aux lèvres. La bagarre est imminente!

Lâcher la main de Nagato ?... C'est hors de question. Je plante mon regard dans le sien, me fige et secoue la tête avec énergie. J'ai les larmes aux yeux, envie de faire pipi, j'ai peur et je suis fatigué. Mais je refuse de m'éloigner de lui.

« Je ne te quitterai pas. »

Si on doit mourir dans ce merdier, ce sera ensemble. Je refuse qu'on s'éloigne. Je refuse qu'il soit le seul à mourir si ça part en couille. Je lâche donc sa main, pour qu'il puisses tout de même se battre. Mais moi aussi, je retire mes talons. Si je dois cogner pour ma survie, je le ferais. Mais pas avec une paire de louboutins aux pieds.

Je regarde autour de moi, pour cherche une arme éventuelle et trouve un vieux bout de bois qui me semble assez solide. J'ai fais du base ball. ça devrais aller. Je m'en saisis, essuie mes yeux et regarde Nagato avec détermination :

« Je refuse de rester une victime qui se laisse faire. »

Ces gens sont tous tarés. Je pensais que le type aux cheveux roses allait être de mon côté, qu'il se laisserait protéger par ces deux fous qui pensent pouvoir rivaliser avec cette bande de gens...mais au final, lui aussi veut se battre en retirant au passage ses chaussures. Pourquoi est-ce que je suis bloqué avec ces fous? Au moins, le blondinet n'a pas l'air de vouloir rejoindre le mouvement! Je me tourne vers lui avec espoir.

"Toi, tu restes avec moi, ne? NE?"

Je ne veux pas être seul. J'ai peur d'être séparé du groupe, de me faire tabasser...voire tuer dans un mouvement de foule. Je suis fragile, moi, je suis un être humain lambda et je n'ai pas l'habitude de devoir me battre pour ma survie! Du calme...je dois rester calme, ou je vais encore faire une crise de panique qui pourrait m'être fatale. Je respire profondément comme Asami me l'a appris, et observe autour de nous. On doit trouver un moyen de s'échapper autrement que par le métro, mais il est difficile de simplement revenir en arrière à cause de la foule qui se presse encore à l'entrée. Les voies sont encombrées...mais...peut-être qu'on peut tout de même les atteindre? Si elles sont bloquées, les trains ne passent pas, non? On devrait pouvoir remonter la ligne en faisant attention à l'électricité qui passe, et comme ça sortir de la gare sera plus facile...mais il faudrait déjà pouvoir atteindre les voies!

"On prend les rails! On peut pas rejoindre la surface, alors il faut passer par là! D'accord? Il faut qu'on avance, même si...même s'ils nous en empêchent! Protégez-nous, s'il vous plaît!"