Je manque cruellement d’inspiration ces derniers temps. Je n’ai pourtant pas à me plaindre de ma vie. Elle est plus que confortable grâce à Ryuichi et je ne manque de rien. Je ne suis pas non plus obligé de travailler pour vivre mais ça me permet de m’occuper et de ne pas laisser mon mal de vivre chronique s’emparer de moi, du moins de manière trop intense.
Pour tromper l’ennui mais aussi parce que mon chéri est très occupé aujourd’hui, j’ai proposé à Tsubasa de m’accompagner pour faire du shopping et nous promener dans la zone neutre. Parce que je suis l’officiel de Ryuichi, Ryosuke n’a pas pu dire non pour une sortie qui semble être la bienvenue pour mon ami qui lui non plus ne tient pas en place aujourd’hui. Quand on vit avec un yakuza haut placé, la vie devient soudain un long fleuve tranquille. Je ne devrais pas me plaindre et pourtant j’avoue que je n’aurais rien contre un peu d’adrénaline.
Le shopping n’est bien entendu qu’un prétexte pour pouvoir sortir et être surtout débarrassé des gardes du corps et autres chauffeurs. Je demande à celui de Ryuichi de nous laisser au coin d’une rue et lui dit qu’on l’appellera quand on aura fini, ce qui n’arrivera pas avant la fin de la journée. Une fois seul avec Tsubasa, je me décide à lui faire part de mes véritables intentions :
« Est-ce que ça te dit une petite virée incognito au bord de mer ? J’ai envie de la voir, ça me redonnera peut-être un peu d’inspiration. »
Généralement il n’y a pas grand monde là-bas, surtout du côté d’Odaiba. Je n’y suis jamais allé et je n’ai pas forcément envie de m’y aventurer, juste de la regarder de loin… Et puis l’air marin me fera sans doute du bien.
« Et je suis certain que ça te fera aussi du bien. »
De toute façon il y a des boutiques entre ici et là-bas. Alors ce n’est pas comme si nous avions menti à nos compagnons respectifs. Et puis ce n’est pas non plus comme si j’avais une idée derrière la tête. Je suis bien placé pour savoir que généralement les zones abandonnées sont bien plus dangereuses que les bas-quartiers. Après tout, il peut s’y passer tout et n’importe quoi. Nous pourrions aussi mettre le nez dans des affaires qui ne nous regardent pas et ce n’est pas le but, n’est-ce pas ?