Aina claqua la porte du véhicule, et descendit le reste de la descente de parking, mains dans les poches et se demanda pourquoi ils voulaient chercher un plan de secours. Clairement, il ne comprenait pas. A quoi bon aller se réfugier en sous-sol si c'était pour au final chercher un moyen de sortir pour affronter la pluie. Y'avait juste à remonter la pente en fait, la sortie, ils en avaient déjà une.

Déjà loin devant le petit groupe, l'étudiant analysait l'endroit. De ce qu'il pouvait voir grâce aux faisceaux lumineux qu'émettaient les téléphones à l'arrière, le lieu avait l'air à l'abandon. Enfin, pas totalement, vu les couvertures et casseroles qu'il pouvait apercevoir au détour des quelques voitures détériorés dont les pneus avaient sans doute été volés.

Ainsi à s'enfoncer dans le noir, Kizuki n'avait pas peur. Il ne croyait pas au paranormal et s'il devait y avoir quelque chose ici, c'était soit un humain paumé ou à la recherche d'un lieu pour s'abriter, soit un animal, ou soit un truc vivant modifié par les laboratoires inconscients de leur ville farfelue. En somme, ça avait forcément un cœur qui battait dans la poitrine. Plutôt qu'être effrayé par ce qu'il ne connaissait pas -ou avait entrevu comme les autres-, Aina n'avait que la curiosité pour le submerger et n'hésiterait pas à se mettre en danger pour en découvrir les traits.

Ces doigts passèrent sur l'une des colonnes pour enlever l'épaisse toile d'araignée et de poussière qui la recouvrait.

- Hey! C'pas ça que vous cherchiez?

De la compagnie? Chouette! Manquait plus qu'un brin de musique, un feu de camp et de l'alcool et ils pourraient passer une agréable soirée pendant que tout Tokyo sombrait. Mais visiblement, ce n'était pas trop l'intention des deux autres hommes qui avançaient déjà devant lui. Roh. Minute. Deux?

- Il est passé où l'ancien prostitué? Il s'est déjà enfuis?

Aina les rejoint, pas fou tout de même de rester autant en retrait, seul, dans le noir, sans téléphone pour l'éclairer si besoin. Bah quoi? Il pourrait risquer de se prendre les pieds dans un débris ou un caillou et finir à terre, cheville foulée. Rester en retrait dans les coulisses, ok, mais être en retard pour le spectacle, non merci.

- A moins que c'est peut-être comme tu l'as dit Asami-san. C'est peut-être le premier d'entre nous à se faire tuer. Maintenant devinons qui d'entre nous trois sera le prochain ~

Les mains derrière la tête, l'étudiant avança. Insouciant? Ouais, peut-être trop même. Au pire, si quelque chose devait arriver ils n'auront qu'à lâcher la personnalité cannibale de Kai sur ce qui entraverait leur chemin. Avec un peu de chance, il continuerait de croire qu'il était comme lui et de son côté. Et puis, c'était peut-être manipulateur, mais Asami ne le laisserait pas se faire tuer si facilement. Lui c'était le genre de gars qui souhaitait sauver tout le monde malgré les traits de son visage que certains élèves avaient caractérisés d'effrayant par le passé.

- Vous regardez beaucoup de films d'horreurs vous? Y'en a un il était pas mal. C'était l'histoire d'un ancien acteur pornographique qui va devoir se battre pour sauver sa vie. C'est assez psychologique en fait c'est pas mal. Par contre j'ai mâché le nom. Ah! Y'en a un autre aussi que j'avais bien aimé. Je crois que ça s'appelait Martyr. J'm'y connais pas en films mais ceux là étaient cool.

Quitte à avoir un objectif commun, autant faire la conversation sur la route. Il déglutit cependant lorsqu'un courant d'air froid vint caresser sa nuque suivit d'un bruit sourd.

Blasé. Le jeune homme était tout simplement blasé lorsque son ancien pion lui attrapa la manche pour avancer. Il avait quoi, quatre ans sur sa bouille? Y'avait des limites à se faire passer pour inoffensif parfois, la preuve. Enfin. Au moins c'était sûr que comme ça, jamais il n'éveillerait le moindre soupçon, pas comme le mec dans le corps de Kai dont il avait remarqué ce regard insistant sur sa personne, ou encore Asami qui venait de sortir son arme avec une dextérité déconcertante. Son étonnement était vite passée alors qu'il se faisait une raison. Personne n'allait lui apprendre de quoi était capable Tokyo et ses habitants.

Aina fit claquer sa langue contre son palais. Ne jamais croire personne.

- Compte pas sur moi pour te céder ma place en tout cas.

D'un geste sec, il se défit de sa poigne. L'ancien prostitué n'était peut-être pas mort après tout, mais tout le monde, lui comprit, s'en fichait apparemment. Dingue comment cette ville pouvait vous broyer les sentiments.

Alors que des bruits de pas les suivaient dans la pénombre, ou peut-être n'était-ce que son imagination, ils arrivèrent devant une porte menant à des escaliers, s'il se fiait au logo qui était affiché sur le côté. Ses doigts enroulèrent la poignée pour l'actionner. En vain. Le voyant rouge qui clignotait à sa droite attira son attention.

- Je suppose que personne ici n'a de carte, n'est- ce pas?

Avant même que les deux intéressés ne puissent lui répondre, un bruit sourd suivit d'une alarme de voiture fit écho dans tout le sous-terrain.

- Ramasse ton orteil, fit-il, plus pour lui qu'autre chose alors qu'il avait décidément une imagination bien débordante.