Aujourd'hui j'ai rendez vous en urgence à la banque. Ma carte bancaire déconne depuis deux ou trois jours et je me vois mal devoir indéfiniment utiliser celle de Kai dès que je dois acheter quelque chose. Surtout pour régler les notes de ma maison close !

Malheureusement, Ryosuke ne travaille pas aujourd'hui. C'est férié et je le comprend. J'ai donc rendez vous avec un autre type, probablement un stagiaire qui ne sait pas qui je suis. Ni que j'ai sucé le fils du grand patron plus d'une fois et que nous sommes donc des amis... intimes.

Histoire d'être pris au sérieux, j'y vais sans maquillage, vêtu d'un costume mais également avec ma chienne, ce gros molosse qui fait peur à plus d'une personne. Elle se tiendra tranquille, tant que je suis avec elle, n'est-ce pas ? Elle est assez bien dressée.

Il est presque 13h, je dois être l'un des derniers rendez-vous. Moi, et cette jeune fille blonde assise de l'autre côté de la salle d'attente. Elle fixe ma chienne avec étonnement depuis tout à l'heure. Elle a peur de se faire manger ?... Épaisse comme elle est, elle ne suffirait même pas pour le petit déjeuner de Poupinette.

Les types de la sécurité s'affolent. Ma chienne grogne et je lui dis de se calmer immédiatement. Ce n'est pas le moment de faire un carnage.

J'avais la dalle. Alors, je suis sortie pour aller au macdo. Je sais pas pourquoi, j'ai eu envie de malbouffe soudainement. Probablement parce que ça fait longtemps que je n'en ai pas mangé ! Je ne fais pas particulièrement attention à ma ligne mais bon... Disons que Chiyoda, c'est un peu loin de mes quartiers habituels. C'est le seul qui est ouvert aujourd'hui, puisque c'est férié à Tokyo. Les autres macdo sont fermés.

Je suis mal habillée, j'ai juste un gros sweat à capuche, un short en dessous pour cacher ma petite culotte et une paire de rangers. Alors que je sors du métro, un type m'attrape par le bras et m'entraîne au milieu de la foule. AH! CONNARD ! Je me débat, lui envoie un coup de pied dans les burnes mais un autre me rattrape.

« Hey Poupée, tu nous servira de moyen de pression. Fais pas ta timide et sois gentille, on dois rentrer dans cette banque ! »

Est-ce qu'il se fout de ma gueule ?... Putain, j'ai même pas d'arme sur moi. Juste un couteau, puisque je m'étais naïvement dit que Chiyoda, c'est un endroit calme et qu'on n'y risque pas grand chose. Si j'avais su, j'aurais pris mon arme.

Cela faisait bien trente minutes qu'on se permettait de faire attendre la danseuse. Voilà bien une des raisons pour lesquelles elle ne confiait que très peu son argent à ce genre d'établissement officiel; ils se croyaient tout permis, possédant l'argent de leurs clients et les tenant littéralement par la gorge. Disposer de ses propres fonds relevait parfois du parcours du combattant. Alors non, les nombreuses ressources de la jeune femme étaient loin de se trouver à la banque mais un minimum était bien nécessaire pour la vie courante, ces choses dont elle n'avait ainsi pas à se préoccuper au quotidien. Jusqu'à ce qu'elle décide de prendre rendez-vous pour ouvrir un nouveau compte, sous la demande de son cher cousin. Lui envoyer des fonds serait ainsi plus simple, apparemment. Patienter si longtemps pour une chose qui ne la convainquait qu'a moitié était particulièrement agaçant.

Mais alors que son regard se perd à travers les portes vitrées, l'agitation dans la rue attire bien vite son attention. Le temps semble exécrable; mais les réactions sont disproportionnés pour un simple orage. Cette agitation devient bien vite chaos et nombreux sont ceux qui viennent frapper aux vitres pour demander asile. Kyôka se lève, s'approchant afin de mieux observer ce qu'il se passe dehors. Ce chaos sous ses yeux est loin de l'horrifier; il attise sa curiosité tout autant que sa méfiance. Les vigiles ont barricadés les entrées, alors qu'un groupe se détache nettement, décidé à profiter de la situation. Autour d'elle, une aura de panique commence à planer. Ce n'est qu'une question de temps avant que la scène ne devienne véritablement explosive. Les vigiles ne tiendront pas éternellement.

Deux options s'imposent dans une telle configuration; subir la situation ou en tirer avantage. Et la jeune femme ne va certainement pas faire partie d'une quelconque prise d'otage tandis que la banque serra pillée ! Comme toujours discrètement armée, elle a bien de quoi se défendre et surtout attaquer.

Plutôt que de subir le ras de marée qui s'annonce; elle va en être le déclencheur. La jeune femme scrute attentivement la foule derrière la vitre, tentant de discerner une quelconque organisation à moins qu'il ne s'agisse que d'un groupe complètement disparate ? Difficile à dire actuellement. C'est alors qu'elle distingue à sa plus grande surprise un visage commun. Tsunade.. Mais que fiche t-elle ici ? Cependant au vu de l'expression de son visage, quelque chose cloche. S'est-elle faite entrainer de force ? Peu importe. Il faut qu'elle la fasse entrer. Hors de question qu'elle demeure loin d'elle au milieu d'un tel chaos.

Kyôka recule alors et au milieu des clients apeurés se fraie discrètement un passage pour quitter l'accueil. Sortant son téléphone, elle envoie ainsi un message à sa petite protégée, espérant qu'elle parviendra à le lire.

" Je suis à l'intérieur. Tu vas bien ? Je vais trouver un moyen de vous faire entrer. Je ne sais pas à quoi tu joues; mais tu n'y joueras pas seule, ça va être violent. "

Monsieur, veuillez rester ici d'accord. Il ne vous arrivera rien je vous le promets. Elle... Se fout de ma gueule ? Je hausse un sourcil, et renifle de manière dédégneuse. Je regarde Poupinette, elle commence à s'exciter. Ah ! Instinct de merde. C'est parfois utile, d'avoir un chien capable de bouffer un humain. D'autres fois ça l'est un peu moins. Je caresse doucement sa tête pour la calmer, jette un regard à la jeune femme. Elle ne risque pas de faire grand chose, avec son coupe papier.

Se taper le fils du directeur de la banque a certains avantages. Ryosuke est un ancien amant, mais il reste tout de même un ami. Je grimace en voyant l'un des gardes tomber au sol, à cause d'une balle dans la tête. Moi, je ne compte pas rester là. Je ne vais pas me laisser tuer aussi facilement. Je fais signe à ma chienne de me suivre, et descend les escaliers. La fille, la petite blonde là, j'espère qu'elle sait tirer.

Je fais sauter le cadenas avec mon revolver et entre sans trop peiner dans l'armurerie. J'y trouve plusieurs armes automatiques ainsi que des munitions. Poupinette sur les talons, je retrouve la barbie planquée derrière le comptoir et lui tend l'une des mitraillettes :

« Tu sais manier un gros calibre ? Ton coupe papier là, il va pas servir à grand chose. »

Bande de pauvres merdes. Ces types-là, c'est le genre de personnes que je ne respecte pas. Je regrette de ne pas avoir pris une arme, autre que mon couteau.
Sinon je les aurait déjà fumés. Ils sont en train de se disputer pour savoir quoi faire de moi. Celui a qui j'ai mis un coup de pied dans les couilles s'énerve, l'autre prétend que je peux être utile. La foule est trop compacte pour que je me faufile discrètement. Alors, résignée, je sors mon paquet et clopes pour en allumer une en attendant. C'est dingue le monde qu'il y a pour braquer une banque.

Je sens mon portable vibrer et le sort pour regarder. Je suis à l'intérieur. Tu vas bien ? Je vais trouver un moyen de vous faire entrer. Je ne sais pas à quoi tu joues; mais tu n'y joueras pas seule, ça va être violent. Kyôka ?... Vraiment ? Je me met sur la pointe des pieds pour essayer de l’apercevoir à travers les vitres de la banque et me dépêche de répondre tant que ces connards sont trop occupés à s’engueuler pour faire attention à moi. A mon avis, ils sont complètement drogués.

« J'étais venue pour aller manger un Macdo. En sortant du métro les gars m'ont chopée. Ils veulent braquer la banque. Je suis pas certaine que ce soit une bonne idée de nous faire rentrer. Je n'ai pas d'arme à feu sur moi, juste un couteau dans ma botte. Mais ça devrait suffire pour partir si j'ai une ouverture. »

Le cliché de la lycéenne Japonaise qui envoie des SMS plus vite que son ombre. Mine de rien, c'est utile dans ce genre de situations. Je met mon portable en silencieux, et le coince dans mon petit short pour le cacher. On ne sait jamais, si ils ont la bonne idée de me le confisquer. Je suis un otage, plus ou moins...

Ainsi Tsunade s'est bien retrouvée là complètement par erreur. Raison de plus pour tout mettre en œuvre afin de la récupérer; elle est de toute évidence en danger imminent et Kyôka sera bien plus rassurée lorsqu'elle l'aura à ses côtés. La situation est inévitablement sur le point de dégénérer et bientôt la banque sera mise à feu et à sang. Et même si la plus jeune ne semble pas convaincue par l'idée de les faire entrer, la décision est déjà prise dans l'esprit de la danseuse. Afin de récupérer sa cadette, mais pas seulement. Il faut qu'elle prenne part à ce braquage pour ne pas en être victime; au vu de ce qu'elle peut voir à travers les vitres, ce groupe est extrêmement violent et lorsqu'ils vont entrer, ils ne vont certainement pas chercher à épargner les clients. Si elle reste ici au milieu de la cohue, elle risque bien de trop de faire parti des dommages collatéraux.

Alors qu'elle range son téléphone, son regard croise celui d'une jeune femme un peu plus loin qui la fixe avec insistance. Ses yeux descendent alors sur l'arme qu'elle tient entre les mains. C'est qui cette gamine au juste ? Cela n'a guère d'importance; elle n'a pas l'intention de laisser qui ce soit l'empêcher d'agir. Mais elle sait qu'elle va devoir être rapide puisque certains ont visiblement repéré qu'elle agissait à contre courant.

Ainsi la danseuse se sert de la foule de plus en plus agitée et chaotique pour disparaitre. Dans la cohue, elle en profite pour arracher le badge électronique d'un des vigiles avant de se faufiler à travers les couloirs sinueux, ayant à présent accès à toute la banque. Il doit bien exister d'autres entrées réservées au personnel, ou une sortie de secours.. Et lorsqu'elle l'aura trouvé, alors elle pourra laisser rentrer les braqueurs tandis qu'elle rejoindra sa cadette. Oh, elle aurait tout aussi bien pu se dire que cette issue pourrait servir de porte de sorties aux nombreux clients et employés de la banque qui se feront alors sans doute massacrés; mais ce n'était absolument pas son problème.

" Dès que j'aurai trouvé, il faudra que tu passes ton téléphone à celui qui te semble être le leadeur. Si ça commence à craindre pour toi, dis leur que tu as quelqu'un à l'intérieur qui va les faire entrer à condition que tu restes saine et sauve. "

L'arme à la main je me retourne discrètement pour savoir sur qui la gamine veut que je tire. Et quand je la reconnait, je secoue la tête. Non. Je ne suis pas suicidaire. Je crois savoir qui c'est. Je me planque de nouveau derrière le comptoir de l'acceuil :

« Je ne vais pas tirer sur elle. Tu sais pas qui c'est... Et il vaut mieux que ça reste ainsi. Mais crois moi, t'as pas envie que sa famille te tombes dessus. »

Je n'en dirais pas plus. Je ne connaît pas cette fille personellement. Kyôka, je crois. Mais certains hommes de son clan ont été des clients par le passé. Toujours dans le secret bien entendu, par honte d'aimer passer du temps en compagnie d'un autre homme... Mais j'ai déjà eu un ou deux gars de sa famille. Et ça m'a suffit pour savoir qu'il ne vaut mieux pas s'en prendre à eux. Je tire une clope de la poche de mon costume et l'allume. Merde après tout. On est plus à ça près non ? C'est l'apocalypse, je crois qu'on s'en fout d'avoir le droit de fumer dedans ou non.

J'essaye de réfléchir rapidement, puis attrape le poignet de la jeune femme. Je me lève, siffle ma chienne pour qu'elle nous suive et décide de monter dans les étages de la banque. On ferait mieux de se planquer là haut. La foule s'agglutine dehors et... Merde, les vitres ne sont pas pare balles.