Il va aller dormir. Sage décision, mon enfant. Il ferait mieux de sérieusement y réfléchir. Rester une geisha, ne pas y renoncer pour ne pas devenir une énième pute au rabais. C'est malheureusement quelque chose qui arrive bien trop souvent.

Le lendemain matin, je suis réveillé de bonne heure. J'ai très mal dormi, avec le bordel de Ginza cette nuit. Mais au petit matin, à l'aube vers quatre heures et demi du matin, les choses semblent s'être calmées. Installé sur le porche de ma maison close, une cigarette à la bouche et un thé dans une main, je caresse la tête de ma chienne venue réclamer de l'attention. Je vais devoir aller réveiller Kiyoshi d'ici peu de temps, pour qu'il puisses rentrer chez lui. Il est tôt certes, mais il sera sans doute plus reposé s'il est rentré à L'Okiya, dans un endroit familier. Tout en tapotant sur mon portable, je regarde dans le registre des appels pour retrouver le numéro.

Les sonneries s'égrainent, avant que quelqu'un ne me réponde, sans doute surpris d'avoir un appel si matinal. C'est probablement une femme. Je me présente, explique la situation en disant que je suis celui chez qui Kiyoshi s'est réfugié hier soir. Ils sont au courant, puisqu'il a laissé un message et comptaient justement me rappeller tout à l'heure. J'ai juste été plus rapide. Je leur indique l'adresse, en leur assurant que même si c'est une maison close... Il n'est rien arrivé à leur geisha ici.

Ils ne devraient pas mettre bien longtemps à venir ici en voiture. Alors, je viens réveiller le gosse, en tapotant doucement son épaule pour ne pas l'effrayer.

« Quelqu'un de ton Okiya viens te chercher, ils vont bientôt arriver. Rhabilles-toi comme il faut avant de rentrer chez toi. »

Une fois la voiture devant, je raccompagne donc le jeune blond, tout en saluant poliment l'homme au volant. Après un dernier regard vers la geisha, je soupire longuement. J'espère que tout iras bien pour lui...