19 mai 2060

J’ai besoin d’une nouvelle arme. Ce n’est pas un caprice mais une nécessité. Non en fait, j’ai besoin d’une nouvelle arme de poing pour mon usage personnel et de plusieurs autres joujoux pour mes gars. On vient terminer une vague de recrutement. J’ai grossi mes rangs et il va falloir que j’arme correctement mes nouveaux hommes de main. Ils vont aussi devoir s’entrainer mais ça viendra dans un second temps. J’ai aussi envie d’un nouveau couteau. Bref, c’est l’heure du shopping pour moi mais dans ma bouche ce mot n’a pas la même signification que pour les autres femmes.

Je me fais conduire en voiture jusqu’à Meguro. Aujourd’hui c’est à l’armurerie Sato que je vais me fournir. D’habitude je n’y vais jamais en personne. J’avais jusqu’à il y a peu de temps un fournisseur personnel qui s’occupait de mes gadgets mais il est mort. Une sale histoire qui ne mérite pas d’être racontée. Du coup j’ai décidé de faire le déplacement jusqu’à la boutique où mes hommes se fournissent. D’habitude je laisse mon second s’occuper de ces broutilles mais puisque j’ai moi-même besoin de nouveaux jouets autant faire d’une pierre deux coups.

La voiture s’arrête devant la boutique. Je me redresse et jette un coup d’œil derrière la vitre teintée avant de sortir une sucette de ma poche. Sale habitude que j’ai d’avoir toujours un truc dans la bouche. Je retire l’emballage et le fourre dans la poche de mon chauffeur lorsqu’il m’ouvre la portière. Aujourd’hui je me la joue grand yak, plus par flemme qu’autre chose. Je réajuste mon costume puis marche jusqu’à la porte que je ne tarde pas à pousser.

J’ai dû mal à réprimer un sourire lorsque l’odeur de la poudre vient me chatouiller les narines. Est-elle réelle ou bien est-ce le fruit de mon imagination ? Qui sait ? Dans le fond ça n’a aucune importance. Je me sens bien au milieu de toutes ces armes sous cloche. Elles ne demandent qu’à être utilisée et je compte bien mettre la main sur quelques belles pièces. J’ai de toute façon une mallette pleine de yens avec moi et ce n’est pas de la petite coupure. Je crois donc avoir de quoi faire. De toute façon même si c’est la première fois que je me présente ici en personne, les Rapaces sont de très bons clients.

Je balaye la boutique du regard jusqu’à poser les yeux sur elle. Brune, mince pour ne pas dire un peu maigre, un visage de poupée et tout de noir vêtu. Jolie. Très jolie même. Je mentirais si je disais que c’est mon genre car à vrai dire je n’ai pas de genre à titré. J’aime les femmes. Toutes les femmes et sans aucune exception même s’il y en a beaucoup que je ne baiserais pas.

« Bonjour. »
Je suis polie. D’ailleurs j’ai laissé mes gorilles à l’entrée. Je n’ai pas besoin d’escorte mais aujourd’hui j’avais juste envie de frimer. Je pose ma mallette sur le comptoir, l’ouvre puis la tourne vers la jeune fille qui me fait face :
« J’ai besoin de faire des emplettes. Tu me montres ce que tu as en rayon ma belle ? »

Sourire crispé et réplique cinglante. Elle a même le cran de renvoyer mes gorilles de compagnie surtout come ça. Soit elle est mal baisée et en manque, soit elle a du chien et ça me plait. J’aime les roses avec des épiques. Je les trouve authentique et plus savoureuse. Enfin seulement quand je suis de bonne humeur et que j’ai du temps à perdre. Mais c’est présentement le cas, sinon je ne serais pas ici à faire des emplettes.

J’esquisse un petit sourire moqueur et croque dans ma sucette à l’orange. Bon sang c’est mon parfum préféré ! La menthe, c’est que quand j’ai mal à la gorge. La fraise, c’est vraiment bof bof. Le cola c’est sympa par contre mais pas tout le temps.

« J’appelle toutes les femmes ma belle et tous les mecs plus jeune que moi mon mignon. Parfois ça m’arrive de les appeler mon lapin. »
Mon sourire s’élargit alors que je m’appuie sur le comptoir tout en mastiquant ma sucrerie. Oui je suis mal élevée et j’en ai rien à foutre. Quand on bosse à Meguro on en voit de toutes les couleurs et je suis de loin la moins pire en la matière.
« Alors t’imagine pas que parce que t’a une jolie frimousse, j’ai forcément envie de te baiser. »
Je me redresse, la toise du regard puis ajoute en lui adressant un sourire séducteur :
« Mais pourquoi pas t’inviter à boire un verre si tu es gentille avec moi. »
Avant de lui laisser le temps de me répondre, je lui tourne le dos pour regarder le contenu d’une vitrine. Oui non seulement je suis mal polie mais je suis également sans gêne. Bienvenu dans mon monde ma jolie.
« J’ai besoin de pas mal de chose mais commence par me montrer tes couteaux… MA BELLE. »
J’appuie bien comme il faut sur la fin de ma phrase avant de me reprendre.
« Oups… ça m’a échappé. C’est quoi déjà ton nom ?  »
Je sors alors une sucette de ma poche et la lui tends :
« T’en veux une ou t’es du genre anorexique toujours au régime ? »
Je me redresse et quitte la vitre des yeux pour la détailler du regard. Quelque chose me dit que j’ai poussé la plaisanterie un peu loin… Quoique je ne la connaisse pas et ignore si elle se fâcherait pour si peu. En tout cas ça me plait de tester les nerfs des gens qui me tapent dans l’œil. Après tout on ne connait jamais vraiment quelqu’un tant qu’on ne sait pas ce qui le met en colère.

Elle a une bonne répartie. J'aime ça ! J'aime aussi les filles qui mangent. Il n'y a rien de pire qu'une nana qui passe son temps à être au régime. Non seulement tu ne peux pas l'inviter au resto mais en plus généralement elle fait tout le temps la gueule vu qu'elle s'affame donc la faim la met de mauvaise humeur. Vous imaginez le bordel ? Il m'est arrivé une fois de sortir avec une fille comme ça, je me suis alors dit : plus jamais. L'expérience était intéressante mais pas à renouveler. C'est donc un bon point pour mademoiselle Sato. Dommage qu'elle n'aime pas le sucré. J'avoue que c'est mon pêché mignon mais bon nul n'est parfait et puis je ne vais pas l'écarter pour si peu. Ça serait pas cool pour elle. Elle a le droit d'avoir une chance de sortir avec moi même si elle ne sait pas encore qu'elle en a envie. Mais c'est sans doute parce qu'elle ne sait pas que les femmes c'est son truc. J'ai un radar pour ça et quelque chose me dit qu'elle n'a connu que des hommes. C'est triste. Même moi avant de me déclarer complètement lesbienne j'ai eu une expérience hétéro. C'était sympa mais bon, je préfère nettement les femmes sur tous les niveaux. Mais c'était malgré tout sympa. Disons qu'il faut au moins l'avoir essayé une fois dans sa vie pour ne pas mourir bête.  

Elle parle et ne se rend plus vraiment compte de ce qu'elle dit au point qu'un large sourire fend mon visage. Mais comme c'est mignon ça ! Si c'n'est pas une ouverture, ça ? Et je ne vais pas passer à côté d’une occasion pareille ! Ce serait bête de ma part.  
« Parfait ! Va pour un kebab. Je passe te prendre après ton taf sauf si tu insistes pour que je t'emmène dans un restaurant de yakiniku. »
Je lui fais un petit clin d'œil avant de reporter mon attention sur sa marchandise et par là j'entends ses couteaux. J'ai encore du respect pour les jeunes femmes et je ne les reluque pas lorsque les circonstances ne s'y prêtent pas.  
« Alors Sato-Chan, tu as quelque chose à me conseiller ? »
Je lui adresse mon plus beau sourire tout en ajoutant :  
« Il me faudrait un nouveau couteau à éviscération. »
Petit et pratique pour les situations délicates. Il se dissimule facilement, trop justement au point que j'ai tendance à le perdre assez facilement au cours d'une confrontation. Généralement il reste accroché à l'abdomen du type qui s'est un peu trop rapproché de moi et j'oublie de le récupérer.  
« J'ai aussi besoin d'un nouveau couteau Bowie. »

J’esquisse un sourire sans répondre. Un kebab ou un yakiniku en fonction de mon budget, hein ? Le choix est donc tout fait. Ce n’est pas comme si j’n’avais pas les moyens de faire plaisir à la demoiselle. Enfin voilà une bonne chose de réglé, reste à choisir mes nouveaux joujoux. Elle me montre ce qu’elle a en stock niveau couteau. Ce n’est pas la spécialité de la maison mais ils ont de belles pièces. De toute façon cette armurerie à bonne réputation et je savais où je mettais les pieds en arrivant. La demoiselle quant à elle à l’air de savoir de quoi elle parle. Elle n’est pas simplement là pour faire jolie et ça me plait. Je ris d’ailleurs à sa blague sur la taille des bites de ses clients. Dit comme ça, on dirait que je parle d’une prostituées mais il n’en est rien. Sato-chan a eu la chance de ne pas avoir à vendre ses charmes pour survivre et même si c’était le cas, ça ne m’empêcherait pas de lui faire la cours.
« Ne t’en fait pas, je n’ai absolument pas besoin de compenser à ce niveau là. Je sais m’y prendre même sans bite. »
Ceci dit il existe de très bon substitue même si mes lèvres et mes doigts sont amplement suffisant pour faire jouir une fille. D’ailleurs je serais ravie d’être celle qui lui fera découvrir les plaisirs entre femmes.

Je lui indique les modèles qui m’intéressent puis lui tends la liste de ce qu’il me faut en termes d’arme à feu. Des automatiques, des chargeurs, des gros calibres, bref elle aura de quoi s’occuper en préparant ma commande.

Je la regarde faire en souriant. J’ai tout mon temps. Je ne suis pas pressé. J’ai payé donc je repars avec ma marchandise. Je ne suis pas le genre de personne qu’on livre plus tard. Les gorilles étaient aussi là pour ça. Mais ils reviendront porter mes courses quand je les appellerais. Pour le moment ça m’arrange bien d’être en tête à tête avec mademoiselle Sato.
« Au fait Sato-chan. À quelle heure tu veux que je passe te prendre ? Tu voudras faire un saut par chez toi pour te rafraichir ou bien je t’emmène direct au resto ? »
Et très franchement, il n’y a aucune arrière pensée. Je ne suis pas suffisamment en manque pour lui sauter dessus le premier soir et surtout à la première occasion. J’aime que les choses se fassent naturellement surtout si la fille que je drague n’a aucune expérience avec les femmes.